L’appellation de ‘’Docteur Choukou’’ vient de Moussa Mahamat Abdoulaye.

Les vendeurs ambulants des produits pharmaceutiques de la rue et les traitants considérés comme illégaux par les responsables de la santé publique et du public tchadien sont appelés des ”docteurs choukou” dans le jargon tchadien. L’appellation de ce nom ”docteur choukou” vient d’un homme appelé Moussa Mahamat Abdoulaye.
Tchadmedia est allé à la découverte de cette personnalité à la fois artiste, homme politique et l’un des cadre du ministère de l’éducation nationale.

Tchadmedia : Bonjour Monsieur. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Moussa Mahamat Abdoulaye : Je m’appelle Moussa Mahamat Abdoulaye, alias ‘’Docteur Choukou.’’ Je suis né à N’Djaména. Présentement je suis enseignant et cadre du ministère de l’éducation nationale. Comme les gens ont l’habitude de m’appeler Docteur Choukou, c’est mon nom. Je suis l’acteur et auteur de cette appellation à partir d’une pièce théâtrale avec mes amis. Au fait, c’était dans un atelier dans le cadre du théâtre que le nom ‘’Docteur Choukou’’ a été pour la première fois prononcé par Abdelakader Mahamat Abba et j’étais le metteur en scène, à l’époque précisément en 1992. Au moment où on était en train de travailler sur le sujet, il m’a donné ce nom. Et cela a cadré avec le nom de mon grand père qui s’appelait Abdoulaye Choukou. Donc ce nom n’était pas une nouveauté pour moi.

T.M : Quels ont été vos débuts dans le théâtre ?
M.M.A : Parlant de mes débuts dans le théâtre, c’est une longue histoire. Dans les années 1983 et 1984, moi et mes amis partions regarder les répétitions théâtrales de nos aînés. On nous demandait parfois d’interpréter certains rôles dans des écoles arabes. Quand on me donnait un rôle à exécuter, je le faisais rapidement. J’étais très doué dans le théâtre les gens m’appréciaient beaucoup. C’est comme ça que je me suis lancé dans le théâtre. Nous étions composés d’une vingtaine des jeunes, avec l’encadreur à l’époque Youssouf Moustapha, paix à son âme qui est venu de l’Egypte. Avant lui il y avait Mahamat Nour Ali, l’ex directeur de la maison de la culture.
T.M : Comptez-vous un jour reprendre les activités théâtrales ?
M.M.A : Est-ce que j’ai d’abord arrêté les activités théâtrales ? Non. Les activités culturelles quand elles entrent en toi, c’est difficile qu’elle te quitte et toi non plus. Je continue à former les futurs artistes et je peux dire que le théâtre c’est dans mon sang. Je trouve que le théâtre est une école qui peut s’expliquer comme l’art de transmission de message à caractère social qui cadre avec ma profession d’enseignant. Malheureusement, la fonction publique nous a un peu écartés de la vie professionnelle du théâtre, mais tout de même, nous y restons.

T.M : Quelle appréciation portez-vous sur le domaine culturel au Tchad et sur celui du théâtre en particulier ?
M.M.A : Il ya beaucoup des gens qui se sont lancés dans l’activité théâtrale sans vision. Car beaucoup d’artistes jouent aujourd’hui pour des fins personnelles contrairement à ce que nous qui l’avions fait sans aucune revendication ou contrepartie. Les théâtres de l’époque étaient axés sur les sujets touchant à la vie de la société. Il faut reconnaitre que les jeunes artistes de théâtres qui ne mettent pas trop en valeur le professionnalisme. Il ya bien des Tchadiens qui ont fait des écoles des beaux arts qui sont là. L’art apporte la richesse, mais la richesse n’apporte pas l’art.

T.M : Comment faire pour que les Tchadiens en général et l’État en particulier puissent valoriser les talents locaux ?
M.M.A : Le développement d’un pays commence par des écoles, des espaces de théâtre et bien d’autres espaces de culture. Malheureusement, les gouvernants ne s’investissent pas dans la valorisation des artistes locaux. Quand un responsable vient à la tête du ministère il oublie aussitôt la mission qui leur est assignées.

T.M : Vous qui aviez créé le concept ”Docteur Choukou”, que pensez-vous de ces vendeurs ambulants des médicaments aujourd’hui ?
M.M.A : Les gens ne sont pas inspirés du message. Ceux qui ont la charge de gérer leurs pharmacies n’ont pas mis en application nos consignes de mettre à la disposition de la population des bons produits pharmaceutiques, des bons traitants. La simple raison, avant il n’y avait pas d’espaces pour les vendeurs ambulants. Mais aujourd’hui ils la mairie leur donne des grands espaces et en contrepartie, ils respectent leurs engagements vis-à-vis de la mairie en payant quelques droits, et ils continuent de vendre leurs produits.
Dans notre massage, nous avions lancé un appel à la population d’aller dans des bonnes pharmacies et des bons hôpitaux afin d’éviter de contracter toute sorte de maladie venant de ces produits. Aujourd’hui il ya même des ‘’docteur choukou’’ qui alimentent des hôpitaux et des cliniques avec des produits pharmaceutiques.

T.M : Quel message voulez-vous passer à l’endroit du public et des autorités du CMT?
M.M.A : Les autorités du CMT doivent comprendre que les artistes ont leur rôle à jouer dans ce pays. Car, pour développer un pays, il faut commencer par l’homme. L’homme doit être sensibilisé, éduqué et informé. Les messages qui sont passés par les artistes ne doivent pas être négligés par les autorités du CMT. Le pré dialogue c’est la sensibilisation à travers les artistes, mais personne ne parle de cet aspect. Il faut que les autorités du CMT puissent prendre au sérieux la question de la promotion des artistes qui sont d’une importance capitale.

Entretien réalisé par :

Teyane Bertrand
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