Le Sociologue Ahmad Hassan Mohammad s’interroge sur les mystérieuses disparitions des étudiants tchadiens à Ngaoundéré

La souffrance d’autrui me fait souffrir. Elle blesse ma propre conscience, la fissure, la rend malheureuse M. Horkheimer.

À chaque année on distingue plusieurs étudiants tchadiens qui s’identifient à l’université de N’Gaoundéré par rapport aux capitaux de leurs parents. En Afrique, la mort est un fait naturel. Il est naturel que les étudiants tchadiens meurent ; il est inquiétant qu’ils soient les seuls à mourir.

Considérant que la mort des étudiants tchadiens est porteuse de lourdes pertes à la Nation, il est évident qu’on ne laisse pas inaperçu à parler de la mode de vie de nos compatriotes venus à la recherche du savoir.

Il convient de signaler qu’à l’université de N’Gaoundéré la mort représente une des préoccupations des étudiants tchadiens. On s’interroge sur la mort des étudiants. Pourquoi les tchadiens ? Comment vivent-ils, comment meurent-ils ? Ces questions restent posées et attendent des réponses dénuées de toute complaisance.
En partant du quotidien des étudiants tchadiens, des problèmes concrets auxquels ils étaient confrontés : le changement climatique et le mal logement, le comportement insensé, etc. Voici quelques hypothèses exemplatives tirées de l’observation et des différents entretiens avec les étudiants.

Certains avancent même l’hypothèse de la Sorcellerie (la sorcellerie du savoir-faire), mais elle n’est ni observable, ni vérifiable.
Changement climatique et le mal logement
Dès leur arrivage dans la ville de N’Gaoundéré, les étudiants font face à un climat polaire différent de leur. La ville de N’Gaoundéré ; c’était un territoire des montagnes, debout sur sa falaise, livré aux cailloux, quelques petits lacs, de magnifique végétation avec un ciel battu en neige, où il pleuvait presque toute l’année. Parfois il gèle dans la rue.

On distingue plusieurs étudiants relativement riches et d’autres pauvres. Les étudiants pauvres sont à la lumière de la souffrance, la pauvreté impose l’horreur de la réalité. Le logement constitue un véritable problème pour les étudiants issus de couches défavorables puisque que le campus universitaire est totalement réservé uniquement aux étudiants Camerounais alors qu’il constitue un des éléments essentiels de la vie estudiantine pour se protéger contre le froid. Les minis cités universitaires privés ont connu une hausse très forte. L’augmentation de prix globale est encouragée par la densité des étudiants tchadiens résultant des problèmes de l’incapacité de l’État tchadien à répondre à la demande d’éducation. Face aux prix faramineux des loyers, les tchadiens n’ont pas d’autres choix que de vivre dans les cités moins chères ou de pratiquer la colocation l’un des systèmes les plus intéressants pour les étudiants pauvres. Elle permet de vivre la vie en communauté, tout en redisant le frais de location . Là encore, s’ajoute les conditions déplorables, les étudiants s’entassent avec trois ou quatre voir même six, sept amis et les cités moins chères (sans équipements préalables) sont mal adaptées aux conditions climatiques. Les étudiants s’allongent à même le sol pour dormir. L’humidité de la chambre monte comme l’huile peut facilement influencer l’organisme. L’organisme d’un étudiant tchadien nourri quotidiennement par des patates combinées de pâte d’arachide à plus de mal à résister, le corps n’a plus d’énergie. La patate, la pâte d’arachide étaient donc notre quotidien, notre rythme de vie. En compagnie des rats, des toiles d’araignée ornées d’insectes, des reptiles. À l’extérieur de la chambre, des latrines collectives sans conditions hygiéniques sanitaire qui favorisent des infections nosocomiales (les maladies liées à la mauvaise hygiène). Certaines cités sont exposées au vu et au su de tout le monde.
Le comportement insensé des étudiants (libertinage)
Une fois à l’extérieur un niveau monde se dessine, une nouvelle vie prend forme. Chaque étudiant a un rêvé, un goût, un plaisir, une ambition en attente qui peuvent être exprimés dans le sens positif ou négatif. Les étudiants tchadiens dessineront les nouvelles normes de la vie universitaire. Pour le meilleur ou pour le pire, Tchad via Cameroun, l’environnement actuel de la ville de N’Gaoundéré annonce la fin de l’éducation de base. Une aventure ambiguë commence. Les étudiants tchadiens réagissent plus fortement aux idées négatives que positives. Pour explorer les conséquences liées à de brusques changements, à leur arrivée dans la ville N’Gaoundéré, les étudiants tchadiens évoluent au rythme de la nouvelle civilisation de la jeunesse camerounaise basée sur le voyoutisme occidental oubliant ainsi les normes sociales et les sacrifices construits et consentis par leurs parents. Les étudiants croyants ; les musulmanes après avoir accompli la prière du vendredi à la mosquée la conclusion sera tirée aux bars. Quant aux chrétiens Dimanche matin appartient au Seigneur et la soirée à la jeunesse synonyme de désordre, parfois dans les circonstances mystérieuses. Trois ans d’études où les salariés de Dang (les étudiants) participaient aux différentes fêtes, anniversaires, kermesses se succédaient aux soirées dans les bars. Les agressions sont monnaie courante en milieu estudiantin. Les fêtards rentrent des heures tardives, sont agressés et dépouillés. Rappelant les conséquences néfastes sur la vie de nos frères et sœurs au Cameroun, une jeune étudiante tchadienne décédée suite à un ulcère causé par les effets de la boisson malgré les conseils des personnels de santé
Dans cette ville, on peut facilement tuer un étudiant pour quelques misérables francs ou téléphone Android. En N’Gaoundéré, 80 % de la population n’a plus accès à l’eau potable. L’eau du robinet est devenue boueuse En conséquence de quoi les maladies hydriques sont terribles.

. Ces comportements renforcent le voyoutisme et pèsent sur la qualité de vie des étudiants tchadiens à l’université de N’Gaoundéré au Cameroun

Ahmad Hassan Mohammad
Étudiant au Cameroun
Analyste sociologique, spécialiste de population et développement


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