USA…Le président est mis en accusation, ce 13 janvier

Pour la deuxième fois, le président américain est mis en accusation après un vote historique au Congrès. Sera-t-il inculpé cette fois? Nous allons poser cette question à notre analyste des actualités américaines Moustapha Abakar Malloumi, en enseignant en communication et relations internationales à l’université de Ndjamena.

Tchadmedia : pensez-vous que cette fois sera le bon, ce processus de destitution ?

Moustapha Abakar Malloumi: Cette fois, les Démocrates ont plus de chance mais rien n’est encore gagné. Je m’explique. Ils ont plus de chance parce que le contexte se prête mieux, plus favorable qu’en 2019. Il s’agit aujourd’hui d’un assaut contre les institutions du gouvernement, contre leur propre ” local”, le parlement, bref une atteinte directe à leur propre vie! Les house representatives, c’est-à-dire les députés qu’ils soient républicains ou démocrates, dans leur majorité, ont condamné cette agression. La plupart des républicains ont déploré que le discours du président aurait incité les protestataires à vandaliser le parlement.

TM: Dans ce cas, son sort est donc scellé. Mais pourquoi vous dites que rien n’est encore gagné ?

MAM: Bien que beaucoup de Républicains aient pu clairement établir le lien de causalité entre le discours incendiaire de Trump et l’attaque de ses partisans contre le Capitol, seuls 10 d’entre eux ont voté hier pour la procédure de destitution du président. Par contre, 197 en ont refusé! Cela pourrait-il se produire au niveau du sénat? Puisque l’étape ultime va se jouer au sénat et là il faut au moins 17 sénateurs républicains pour que la destitution ou l’inculpation soit effective.

TM: Donc il n’est pas possible de compter sur 17 sénateurs républicains pour voter contre Trump?

MAM: C’est possible mais difficile. C’est possible parce que déjà Mitch McConnell, le chef des Républicains au sénat a mirroité la possibilité de voter en faveur de l’impeachment, la mise en accusation. S’il le fait, cela pourrait servir de parapluie politique à d’autres sénateurs républicains d’emboîter les pas. Dans ce cas de figure, oui il est fort possible de voir l’accusation se réaliser. Sinon beaucoup de sénateurs républicains ont peur de leur base toujours très attachée à Trump.

TM: Ils ont peur de quoi ?

MAM: De deux choses: D’abord, ils ont peur de ne pouvoir être réélus surtout pour ceux qui cherchent un autre mandat.Trump aura toujours une forte influence et pourrait se venger contre les Républicains qui auront voté pour sa mise en accusation. Puis, d’autres ont tout simplement peur pour leur vie, d’être agressés voire assassinés par les supporters enragés de Trump.

TM: J’imagine que la pression est trop forte au sein du parti républicain ?

MAM: Tout à fait. Les sénateurs et les députés republicains qui appartiennent à l’establishment, à l’image de Mitch McConnell, Marco Rubio et autres voient aujourd’hui en cette procédure de mise en accusation une opportunité en or de se débarrasser de Trump mais en même temps ils ont peur de passer à l’offensive, ils sont donc très prudents. Par contre d’autres républicains de l’establishment plus courageux comme Liz Cheny, Mitt Romney, Adam Kinzinger ont publiquement fait connaître leur intention de voter en faveur de la destitution du président.

TM: Si Trump est finalement destitué et accusé, sa carrière politique prendra-t-elle ainsi fin?

MAM: S’il est formellement accusé, il ne pourra plus se représenter à une prochaine élection présidentielle alors qu’il a, récemment fait connaître son intention de se présenter encore à la présidentielle de 2024.

TM: Qui pourrait alors le remplacer?

MAM: C’est cela la prochaine guéguerre au sein du parti républicain. L’establishment tenterait tout pour récupérer le parti alors que la base forte de près de 70 millions de personnes est toujours favorable à Trump, très orientée à droite.
Dans ce cas, le soutien de Trump serait très capital pour la personne qui souhaiterait le remplacer.

TM: Personne n’est encore en vue, en ce moment ?

MAM: peut être Josh Hawley, un jeune sénateur de Missouri. Il vient d’arriver au Sénat en 2019 mais déjà très ambitieux. Il est aussi accusé par les Démocrates d’avoir incité, à l’instar de Trump, la foule pour attaquer le parlement. Mais il est encore trop tôt pour que Josh puisse s’imposer comme une alternative…

TM: Merci beaucoup pour cet éclairage

MAM: Je vous en prie..

Interview réalisée par Moustapha Hamid
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