USA….Ali Alexandre, le jeune derrière l’attaque du siège du parlement américain

Le 6 janvier dernier des supporteurs du président sortant ont pris d’assaut le Congrès américains au moment oú les parlementaires étaient en train de voter la certification du président entrant Biden. Ce que beaucoup qualifient désormais “d’insurrection ” ou carrément “d’attaque contre la démocratie ” a été planifié et organisé par un mouvement dénommé “Stop the Steal”. Ali Alexandre en est le fondateur. Pour en savoir davantage sur ce personnage mystérieux, nous avons joint notre analyste des actualités américaines Moustapha Abakar Malloumi, enseignant en communication et relations internationales à l’université de Ndjamena.

TCHADMEDIA: Qui est Ali Alexandre ?

MOUSTAPHA ABAKAR MALLOUMI : C’est un jeune de 35 ans, activiste des réseaux sociaux, extremiste de droite et Trumpiste pur et dur. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Ali est un Afro-Americain d’origine Arabe. Son vrai nom est Ali Abdul Razakh Akbar.

TM: Ali Abdul Razakh Akbar est un musulman?

MAM: Non, il est Chrétien conservateur. 

TM: Y a-t-il une raison pour avoir changé son nom d’Ali Abdul Razakh Akbar à Ali Alexandre ?

MAM: C’est un garçon qui a grandi dans la délinquance. Entre 206 et 2007, il était impliqué et condamné pour avoir cambriolé des maisons privées, des cartes crédits, etc. En 2008, il a travaillé dans l’équipe de campagne du candidat présidentiel John McCain. Ce serait durant cette période qu’il aurait adopté le nom d’Ali Alexandre probablement pour se dissocier de la calebasse de délits associés à son nom initial et qu’il faudra maintenant cesser de la traîner. 

TM: Comment est-il parvenu à être un leader dans des mouvements de l’extrême droite?

MAM: Ali a très tôt commencé par se frotter avec les milieux d’extrême droite. Il intervient souvent dans des potdscats comme Proud Boys de l’animateur Gavin McInnes, échange souvent avec des figures controversées de la théorie du complot comme Alex Jones, fait l’amitié de Laura Loommer, une Trumpiste anti-musulmane, travaille avec Jacob Wolh avec lequel il a réalisé un documentaire pour griller la députée démocrate d’origine soumalienne Ihlan Oumar. Il a aussi monté une campagne de dénigrement contre la candidate Kamala Harris, insinuant qu’elle n’est pas assez noire américaine à son goût. Par la suite, il initie le mouvement Stop the Steal, créé juste après les résultats de la présidentielle du novembre 2020.

TM: Donc, c’est lui qui est à l’origine de l’attaque contre le Capitole?

MAM: Son organisation Stop the Steal, fait partie des quatre organisations ayant convergé ce jour du 6 janvier vers Washington D.C. Ali était le plus actif et le plus virulent durant les semaines qui ont précédé l’événement du 6 janvier. Mais son organisation était plus en vue à tel point qu’Ali lui-même s’est permis de déclarer qu’il était l’initiateur de l’évènement du 6 janvier, avec le soutien des trois députés républicains, Andy Biggs, Paul Gosar, tous deux de l’Arizona et Mo Brooks de l’Alabama.

TM: S’il est aidé par ces trois politiciens républicains, la thèse selon laquelle l’équipe deTrump serait derrière cette attaque tient la route, n’est-ce pas ?

MAM: Tous les trois ont rapidement nié toute implication dans les rassemblements organisés par Ali. Une enquête est déjà ouverte pour faire la lumière sur leur implication ou non. Je pense qu’il leur serait difficile de se disculper facilement.

TM: Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

MAM: Ils avaient pris part soit physiquement ou via vidéos à des meetings qu’organisait Ali en prélude à l’événement du 6 janvier dernier. Par exemple le 19 décembre 2021 à Phoenix, lors du meeting d’Ali, Biggs y a participé via vidéo, mais Gosar était physiquement présent et y a même pris parole. Il a qualifié Ali de “true patriote”, vrai patriote! En sa présence, Ali a lancé ceci à la foule en référence à la journée du 6 janvier : ” We will not go quietly. We’ll shut down this country if we have to ” qui veut dire qu’ils ne feront pas dans la dentelle, lorsqu’ils descendront à Washington, même au prix d’arrêter toutes les activités de la ville, c’est-à-dire si les députés s’entêtent à entériner les résultats de la présidentielle.

TM: Dans ce cas, on voit qu’il est bien l’instigateur de la révolte contre le Congrès, n’est-ce pas?

MAM: Il a joué un rôle important dans la protestation. Les jours qui ont précédé l’événement, il était plus que prolifique via Twitter pour appeler ses partisans à ne pas céder, ne pas être tendre. Il a même menacé que si les parlementaires ne récusent pas les résultats, ils doivent imaginer ce que ses 500 000 partisans et lui vont faire subir à leur siège, le Capitole. Puis la veille de l’évènement, il organise un meeting et fait chanter ses supporters “Victory or death “, la victoire ou la mort.

TM: N’est-il pas inquiété pour tous ses agissements ?

MAM: L’assaut contre le Congrès a fait cinq décès dont un policier. Ali serait certainement sur la liste de personnes que la police voudrait bien interroger mais il a disparu dans la nature. Il se trouve toujours, à l’heure où je vous parle, en cachette.

TM: Merci beaucoup pour ces explications sur Ali Abkar alias Ali Alexandre.

MAM: Je vous en prie.

Interview réalisée par Moustapha Hamid


tchadmedias@gmail.com
Tel: 9558 7001/6828 7682