OPINION… La digue de Walia : un couteau à double tranchant

Depuis qu’il a pris les rênes de département de l’Aménagement du territoire, il est parti très vite en besogne dans la construction de la digue en éludant sciemment ou pas une question cruciale : où vont partir les millions des mètres cubes d’eau que ladite digue est censée retenir afin qu’elles ne se déversent pas sur Walia et ses environs et par ricochet inonder toute l’autre rive du fleuve jusqu’à Loumia ? Ce qui est sûr, ces millions des mètres cubes d’eau vont se déverser vers la ville de N’Djamena du moment où elle est basse que le fleuve. Ce sont les lois de la nature. Le fleuve ne va pas par magie charrier toutes ces eaux de SELLE (crue), censées se déverser naturellement du côté de Walia et environs, vers le lac en augmentant exponentiellement son débit. Entre Temps, la pente y est. 

Il faut rappeler que sur ce post, nous partons du postulat selon lequel la fameuse digue de «30» kilomètres linéaires (chose à confirmer) sur 6 mètres de largeur allait résister. C’est-à-dire qu’elle va être achevée dans les normes et les délais impartis. Une chose très improbable eu égard à l’actuel état des travaux. Dont acte. 

Aussi, il est à noter que ledit Chef de département a bel et bien affirmé que «la digue de Walia est garantie pour 15 ans avec une durée de vie de 50 ans». Ok. 

Une digue faite en argile peut-elle avoir une durée de vie de 50 ans ? Nous nous croyons devant la Grande Muraille de Chine. Entre parenthèses. 

Nous ne sommes pas des spécialistes en hydraulique ni même en assainissement mais avec notre petite expérience d’observateur de la vie politique du pays, nous savons pertinemment que lorsque vous voulez empêcher l’eau de se déverser sur un endroit X en mettant un barrage, vous devrez au préalable prévoir une issue de sortie minime soit-elle à cette dernière afin qu’elle ne revienne pas vous emporter vous qui êtes à l’apposé dudit barrage. C’est du bon sens. Nul besoin de faire toute une littérature pour faire comprendre les gens. 

Or si nous longeons la digue d’un point à un autre, nous constatons amèrement que seuls des ouvrages de franchissement sont prévus au grand dam des canaux d’évacuation d’eau que la digue est réputée stagner. Autrement dit, au lieu d’arrêter seulement l’eau de la crue, il est nécessaire de prévoir des dizaines des stations de pompage pour pomper continuellement l’eau pour ne pas qu’elle revienne inonder N’Djamena. 

Pour comprendre cette logique, il faut en amont savoir que l’actuelle rive hautement élevée du fleuve du côté de N’Djamena est artificielle. De Gassi à Farcha, tout était empilé par l’administration coloniale française pour ne pas voir Fort-Lamy inondé. De ce fait, l’eau pendant la crue se déversait naturellement vers ce qui est l’actuel Walia et ses environs. Maintenant que Walia est aussi protégé avec cette digue de 6 mètres de largeur, l’eau va partir où ? Vous voyez maintenant ?

Pour finir, il convient de relever que la digue est en train d’être construite par une entreprise chinoise qui aurait fait des travaux équivalents au Congo. Une information à prendre avec pincettes.  

Nous avions sévèrement critiqué ce choix en targuant que notre génie militaire (OGEMIP) était et est capable d’en faire autant et moins disant. D’ailleurs, il était très actif pendant la crue dévastatrice de l’année passée. Normalement, ça devrait être cerise sur le gâteau pour lui en gagnant ce marché. Malheureusement.

Au delà du génie militaire, nous avons aujourd’hui des dizaines des entreprises de BTP locales, très spécialisées et référencées dans l’aménagement et le terrassement (telles que SOGEA-SATOM, ENCOBAT, CGCOC, AFCORP, GEYSER, etc.) mais le ministère a vu bizarrement ailleurs. Pourquoi ? Mystère. 

Faisons confiance à notre génie militaire et également à nos entreprises locales !

 

N.B. Nous sommes des citoyens de ce pays, préoccupés seulement de son essor indépendamment des têtes des gens. Donc inutile de venir crier à la sorcière.

 

Mahamat Sougui Bié