OPINION: DE L’ART DE RIRE ET DE COMPLIMENTER : UNE CLE SIMPLE POUR MIEUX VIVRE ENSEMBLE

Dans un monde où les tensions sociales, les inquiétudes économiques et les clivages identitaires dominent souvent nos vies quotidiennes, deux éléments simples mais profondément puissants sont devenus rares : l’humour et le compliment. Ces deux formes d’expression, aussi anodines en apparence soient-elles, ont pourtant un pouvoir immense sur notre bien-être personnel et notre cohésion sociale.

Il suffit parfois d’un sourire, d’un mot aimable ou d’une phrase bienveillante pour changer le cours d’une journée, voire plus. Pourtant, dans nos rues, nos bureaux, nos familles et même nos cercles d’amis, le compliment se fait discret, et l’humour souvent relégué au second plan, comme s’ils étaient devenus suspects ou inutiles.

Le compliment, un geste de générosité

Il y a quelques jours, alors que je me trouvais dans un café de N’Djamena, un homme d’un certain âge est entré, vêtu avec un style élégant et original. Spontanément, je lui ai dit : « Vous êtes très bien habillé, monsieur. » Aussitôt, son visage s’est illuminé d’un large sourire. Il m’a remercié avec une sincérité touchante, puis s’est installé à ma table, visiblement heureux de cette attention.

La conversation qui a suivi a été riche, pleine d’éclats de rire et de confidences. Ce qui n’était qu’un geste simple a ouvert la porte à une discussion intergénérationnelle sincère, respectueuse, profondément humaine. À la fin de notre échange, il m’a demandé mon contact. Un lien venait de naître.

Ce petit épisode m’a rappelé combien le compliment est un acte d’ouverture, un pont vers l’autre, une forme de reconnaissance qui humanise. Dire à quelqu’un qu’il est bien habillé, qu’il a eu une bonne idée, qu’il parle bien, qu’il inspire ou qu’il fait du bien autour de lui, ce n’est pas flatter. C’est reconnaître l’humanité de l’autre.

L’humour, une médecine sociale

L’humour, lui aussi, mérite sa place dans nos vies. Il allège les cœurs, désamorce les tensions, libère les esprits. Il ne s’agit pas ici d’un humour moqueur, qui humilie ou rabaisse, mais de celui qui rapproche, qui fait sourire ensemble. L’humour est un lubrifiant social, un révélateur de complicité. Il est une forme d’intelligence qui nous aide à affronter les situations difficiles avec recul et résilience.

Dans nos sociétés, où les blessures historiques, les frustrations et les défis du quotidien peuvent facilement alimenter la méfiance ou l’agressivité, l’humour est une arme douce. Il désarme sans violence, il guérit sans médicament.

Pour une culture du compliment et de l’humour

Nous avons besoin de réapprendre à valoriser l’autre. À complimenter nos enfants, nos collègues, nos voisins. À rire avec les plus âgés, les plus jeunes, ceux qui nous ressemblent et ceux qui ne nous ressemblent pas. Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité sociale et même une forme de citoyenneté active.

Complimenter n’est pas un acte de faiblesse. C’est un acte de force intérieure et de bienveillance. Rire ensemble n’est pas une perte de temps. C’est une façon de reconstruire des liens sociaux abîmés.

Conclusion :

Dans un pays comme le nôtre, où tant de défis attendent des réponses collectives, il est temps de réhabiliter l’humour et le compliment comme de véritables piliers de la relation humaine. Il est temps de faire du sourire un acte quotidien, du mot gentil une habitude, du respect une seconde nature.

Nous devons nous ouvrir au monde pour que le monde s’ouvre à nous.

Mounir Mahamat Issa

Homme des lettres et Consultant en leadership et développement personnel

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