Un drame insoutenable à l’Hôpital de Référence National
Quatre membres d’une même famille, victimes de graves brûlures, seraient morts après avoir été refusés à l’hôpital, faute de place ! C’est la terrible accusation portée par le député Takilal.
Dépêchée sur place, une équipe de Tchadmedia a pu rencontrer le Directeur Général Adjoint (DGA) de l’Hôpital de Référence national. Celui-ci a nuancé le refus, affirmant que sa structure ne dispose simplement pas d’équipement adéquat pour la prise en charge des grands brûlés.
Informé de l’affaire, le ministre de la Santé s’est rendu immédiatement hier soir sur les lieux. Il y est retourné ce matin encore pour une réunion de crise avec les responsables du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) et a ordonné l’ouverture d’une enquête pour non-assistance à personne en danger. Si ces faits sont confirmés, nous ne sommes plus face à une simple négligence regrettable mais à une trahison flagrante du serment d’Hippocrate, constituant une faute morale et professionnelle d’une gravité exceptionnelle.
L’obligation d’assistance à personne en danger n’est pas qu’un principe juridique inscrit dans nos lois. Elle est un impératif moral absolu, un devoir sacré, particulièrement pour ceux dont la vocation et la profession consistent justement à protéger la vie.
Le serment d’Hippocrate ne doit jamais se transformer en simple formalité récitée machinalement lors d’une cérémonie de promotion. Il engage, oblige et rappelle que sauver une vie n’est pas une option. C’est le cœur même de la vocation médicale.
Comment accepter qu’au sein même des murs censés incarner le soin, des citoyens meurent parce qu’on n’a pas “trouvé de place” ou les “bons équipements” ? Comment accepter qu’au lieu d’improviser ou de tenter l’impossible avec les moyens disponibles, comme le font tant de soignants dévoués dans d’autres hôpitaux du pays, certains choisissent la facilité cruelle du refus ?
Cette affaire met crûment en lumière une dérive lourde et persistante dans notre système : la banalisation du manque d’empathie dans certains services hospitaliers.
Trop souvent, le patient est perçu non comme une vie en détresse mais comme une charge administrative ou pire comme une opportunité financière conditionnée au paiement des soins. L’indifférence ne peut être une réponse à la souffrance.
Si les conclusions de l’enquête officielle confirment les accusations de refus, les responsables devront répondre de leurs actes devant la loi et, plus important encore, devant la nation. Ce drame doit être un électrochoc national. Il doit permettre de pointer du doigt les ” brebis galeuses ” qui ternissent l’image et le travail de l’immense majorité des soignants qui exercent avec courage, humanité et dans des conditions souvent très difficiles.
Un hôpital ne choisit pas qui mérite de vivre. Nous ne pouvons accepter que des citoyens meurent dans l’indifférence de ceux qui ont juré de les sauver.
Ali Mahdi
