L’ONU adopte le plan de paix made in Washington mais Moscou et Pékin très réservés.
Le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté, le 17 novembre 2025, la résolution américaine entérinant le Plan de paix de Washington pour la stabilisation et l’après-guerre à Gaza. Mais déjà ce plan soulève des questions. La Chine et la Russie se sont abstenues, exprimant de vives réserves.
Nous avons interrogé l’enseignant en communication et relations internationales de l’Université de N’Djamena pour éclairer les enjeux de cette feuille de route controversée.
Tchadmedia : D’abord pouvez-vous nous expliquer un peu ce plan ?
Moustapha Abakar Malloumi : Il s’agit du “Plan d’ensemble” du président américain Donald Trump, négocié avec des médiateurs régionaux comme l’Égypte, le Qatar, la Turquie. C’est un plan en 20 points et vise à consolider le cessez-le-feu et à établir une gouvernance et une paix durables à Gaza. Il prévoit également le déploiement d’une Force de Stabilisation Internationale (FSI) pour imposer la paix, c’est à dire désarmer les groupes de résistance comme Hamas.
TM: Alors quelle est la réaction du HAMAS ?
MAM: HAMAS et les autres groupés armés palestiniens ne sont pas alignés sur cet accord surtout dans sa phase deux oú il sera question justement de leur désarmement. Ils ne considèrent pas la FSI comme une force de paix mais plutôt comme une force d’occupation étrangère.
TM: La Chine et la Russie se sont abstenues lors du vote. Pourquoi ?
MAM: La Russie et la Chine se sont préoccupées de l’absence de garantie explicite d’un État palestinien selon les frontières de 1967 (la solution à deux États). Le plan subordonne l’autodétermination à des conditions de sécurité et de réforme, ce qui est considéré comme un contournement des résolutions antérieures de l’ONU. Les deux pays ont également critiqué les nouvelles structures de gouvernance comme le Board of Peace (en français le Conseil de la Paix et la FSI). Ces structures sont vues comme une atteinte à la souveraineté palestinienne. Et surtout que le Conseil sera présidé par Donald Trump, une personnalité non onusienne. Alors le Conseil est dénoncé non seulement par la Chine et la Russie mais également par les Palestiniens qui voient une forme de “tutelle externe”.
TM: Pensez-vous que ces deux structures vont réussir leurs missions ?
MAM: Les experts en sécurité jugent leur mission difficile surtout celle de la FSI extrêmement dangereuse et complexe à cause justement de son mandat incluant le désarmement forcé. Cette opération cinétique sera certainement accompagnée d’un risque élevé de conflit avec les factions armées. Et le danger pour la FSI, comme je l’ai mentionné tantôt, serait qu’elle soit perçue non pas comme une force de paix mais comme une force d’occupation étrangère.
TM: Mais la FSI va-t-elle rester pour longtemps ?
MAM: Le plan prévoit son retrait mais celui-ci repose sur l’hypothèse que l’Autorité palestinienne réformée sera capable d’assurer durablement la sécurité et la démilitarisation du Gaza.
TM: Pensez-vous qu’elle en sera capable ?
MAM: De nombreux analystes doutent de la capacité de l’Autorité palestinienne d’assurer seule la sécurité et la démilitarisation des anciens territoires du Hamas après le départ des forces internationales.
TM: Merci pour cet éclairage.
MAM: C’est à moi de vous remercier.
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