x
OPINION : L’événement de Mandakaou et le Contre-Coup
OPINION TCHAD

OPINION : L’événement de Mandakaou et le Contre-Coup

L’événement tragique, survenu le 14 mai 2025 dans la localité de Mandakaou et de son ferrick, dans le Logone occidental a suscité beaucoup de réactions. Une condamnation sévère et sans

  • Publishedmai 21, 2025

L’événement tragique, survenu le 14 mai 2025 dans la localité de Mandakaou et de son ferrick, dans le Logone occidental a suscité beaucoup de réactions.

Une condamnation sévère et sans appel accompagnée de promesses de sanctions prévues par la loi, du côté des autorités compétentes, contre les auteurs et leurs commanditaires.

Plusieurs partis politiques et associés ont joint leurs voix à celle des autorités dans la condamnation de cette tueries avec la même fureur.

Par contre, d’aucuns ont cherché à justifier l’évènement le présentant comme étant la suite logique des actes de provocation posés par les victimes ou leurs proches et tolérés par les autorités locales.

D’autres acteurs politiques l’ont également condamné, comme ce chef de parti, tout en l’assimilant à d’autres évènements tragiques qui ont eu lieu en plusieurs endroits dans le pays, ces dernières années, avec liste à l’appui.
Celui-ci a mis l’évènement sur la responsabilité des autorités publiques.
Cependant, en répertoriant ces autres évènements, peut-être c’était un oubli, il n’a pas inclu sur cette liste macabre,des événements de même nature, ou même plus cruels, tels que les pogromes des années 79, 84, et les exactions menées par les insurgés dits « CODOS » sur des commerçants et voyageurs non-resortissants de la zone.

La responsabilité des autorités dans cette affaire est avérée à une certaine mesure, eu égard au devoir statutaire de l’Etat,de protéger les vies et les biens des citoyens sur toute l’étendue du territoire.
Sachant qu’un événement de telle envergure doit avoir des signes avant coureur, qui devaient être détectés par le dispositif d’alerte précoce qui devrait être mis en place dans ce type de zone à haut risque. Ceci dit, les autorités, surtout, locales ont failli à leur responsabilité de prévision et de prévention de cet événement tragique.
Surement, quelque part, quelqu’un n’a pas fait ce qu’il devrait faire.

Ceci étant, j’aimerais rappeler ici que beaucoup de nos concitoyens ont perdu leurs précieuses vies, sans raison valable, dans l’événement en question et dans plusieurs ‘autres endroits, depuis l’accession du Tchad à la souveraineté internationale, sans que justice ne soit rendue.

Nul besoin de rappeler que l’homme est, dans l’état de nature, l’acteur central dans la vie d’ici bas et par ricochet sa vie est sacrée, hyper-sacrée!
Par conséquent, la vie d’un homme ne doit, en aucun cas, être un objet de  » négoce politique ». Tout est négociable sauf la vie d’une personne.

Au demeurant, un homme, surtout un acteur politique doit être cohérent en soi-même dans son discours, en harmonie avec ses comportements et ses ambitions, il doit surtout avoir des principes qu’il doit les défendre en toutes circonstances.

Aux États-Unis, par exemple, le candidat républicain, John Mcain, en campagne pendant les présidentielles de 2008, a farouchement défendu son adversaire démocrate, Barack Obama, quand un supporteur raciste a qualifié ce dernier de terroriste et d’autre (une dame) de le qualifier d’ « Arab et de bad person ». En repliquant, le candidat Mcain qualifia son adversaire en ces termes:  » non,non Madame, je dois dire qu’il est une personne décente et père de famille avec qui nous avons des points de vue différents sur des questions fondamentales et de cela dont il s’agit dans cette campagne « ! Voilà comment un homme politique doit défendre ses principes.
Voilà la différence entre le langage d’un homme politique et celui de quelqu’un de la rue.

Un acteur politique est censé être un leader d’opinion, un guide pour ses supporteurs. Il doit surtout défendre les valeurs républicaines, au moins en public.
Quand, par exemple,un paysan ou un villageois ou un ignare qualifie son voisin qui vit avec lui pendant des décennies, « d’envahisseurs », il doit tout de suite, le cadrer et lui rappeler que celui-ci est un citoyen comme lui en droits et devoirs dans cet endroit!

Un acteur politique doit être innovant dans le choix des thèmes et des slogans. Il ne doit surtout pas reprendre des slogans rétrogrades et centrifuges du type  » notre terre, des halogènes, des indigènes, etc. car ces slogans ne collent pas du tout avec les valeurs fondamentales de la République.
La réalité en est que nous sommes tous issus de l’émigration et de l’immigration. Pour être terre à terre, la terre ne produit pas de personnes. Même notre prototype Père Adam, avait été, selon l’Histoire, créé avec des poignées de terre de toutes les parties du monde. Sur la terre, donc, ils ne poussent que des arbres et des plantes mais jamais des personnes. « La terre appartient à l’Eternel, avec tout ce qui est en elle, la terre habitable, et ceux qui y habitent » (Psaume 34:1). Elle appartient à celui qui le met en valeur.

Ces slogans mettent en cause le fondement même de la République. Ces slogans n’aboutiront à rien sauf à la spirale de violence et contre violence aux conséquences multiformes. L’histoire retient les conséquences macabres du mille-colinisme.

Les problèmes existent, certes, beaucoup de problèmes même, l’injustice surtout, mais pour résoudre un problème il faut chercher la vraie cause. Faire une vraie diagnostique. Un problème présenté sur des fausses premières n’aura jamais une solution.

Tout le monde, sans exception, reconnaît qu’ il y a injustice. Elle est omniprésente dans tous les débats publics. C’est le mal le plus cité pendant le DNIS. Elle est peut-être la mère de tous les maux qui mettent à mal le vivre-ensemble, voire même le fonctionnement de l’Etat.
Néanmoins, ce n’est pas en mettant la responsabilité sur le dos d’une communauté quelconque ou clamer que c’est une communauté particulière en est victime que l’on rend la justice. L’injustice est une « endémie » aux tentacules multiples. Elle touche tout le monde et la lutte pour son éradication doit être collective, multiconfessionlle, multiethnique. C’est un combat à longue haleine. Mais c’est un combat noble.

En conclusion, un homme politique sérieux et qui se respecte, ne doit pas reprendre des slogans d’arrière pays et des ignorants qui n’ont jamais vécu en-dehors de leurs terroirs, mais plutôt des slogans républicains, centripètes qui justifient et renforcent la coexistence, car nous n’avons pas choisi d’être des voisins, des concitoyens, mais nous sommes condamnés à vivre ensemble tout en se respectant mutuellement dans nos diversités et nos différences. Si nos égoïsmes nous poussent à être des ultrapuristes nous finirons par ne pouvoir vivre que dans nos familles nucléaires.

Que les théoriciens du mille-colinisme et l’ethnocentrisme se détrompent.On ne peut pas tuer ses voisins pour vivre tranquille et en prospérité.

Ceci est valable pour ces éleveurs pour lesquels la vie de leurs bêtes est plus importante que celle de l’homme.

Aussi, ceci est -il valable pour ces agents véreux pour qui ces conflits constituent des sources sûres et permanentes de revenus. Ceux-là pour qui des amendes résultantes des conflits sont plus importants que la vie de l’homme.

Ici, l’Etat doit régulariser le motif, le montant et la destination des amendes. Des sommes perçues au nom de l’Etat doivent atterrir dans le coffre-fort de l’Etat, pas dans les poches des individus.

Fraternellement votre,

Dr Al-Amine Mohammed Abba Seid
(DSEF)

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *