Le débat qui a l’air d’une chasse à la Ministre de l’Action sociale. ADJIB WALAY !
Il y a des séances parlementaires qui honorent la démocratie et d’autres qui la desservent. Celle d’hier (12 novembre), à l’Assemblée nationale, appartient hélas à la seconde catégorie. Ce qui devait être un exercice de contrôle des activités gouvernementales s’est mué en un spectacle de déchaînement visant la personne de la ministre de l’Action sociale.
Des députées souvent peu audibles lors d’interpellations précédentes, ont cette fois pris la parole avec une ferveur et véhémence inhabituelles et presque concertée pour accabler la ministre. L’ardeur de leurs interventions frisait parfois l’agressivité au point que le Secrétaire général du Ministère Secrétaire Général du gouvernement a dû rappeler à l’ordre les parlementaires pour manque de respect envers les membres du gouvernement.
Le président Kolotou Tchaïmi, visiblement conscient de la tournure des événements, a rassuré mettre de l’ordre dans sa troupe car l’institution parlementaire ne peut se permettre de devenir l’arène des ambitions personnelles.
Bien sûr, interpeller un ministre est un droit légitime voire un devoir. C’est l’essence même de la séparation des pouvoirs. Mais le contrôle parlementaire n’est crédible que lorsqu’il s’exerce dans l’esprit de la République et non dans la logique du lynchage public. Or tout dans la séance d’hier trahissait moins la volonté d’obtenir de vraies réponses que celle de vouloir délibérément déstabiliser une responsable de la République.
Faut-il y voir la main d’un agenda caché ? On serait malheureusement tenté d’y croire tant les agitations des députées nous semblent suspectes. La coordination des interventions, la répétition des attaques, le ton irrévérencieux et visiblement calculé, bref tout donne à penser qu’il ne s’agissait pas d’un débat spontané. Dans ce cas peut-on se permettre de croire à un excès d’un simple zèle ou d’un agenda caché, peut-être motivé par la volonté de fragiliser la ministre au profit d’un nom déjà prêt à surgir des coulisses ? La question mérite d’être posée.
Et pourtant, le fait qu’un grand nombre de députées aient pris la parole aurait pu être un signe encourageant. Dans une vie politique souvent dominée par les voix masculines, cette mobilisation féminine aurait pu marquer un tournant symbolique. Mais le fond noble de l’engagement féminin s’est trouvé dilué dans la forme de ce qui ressemble à du règlement de comptes.
Au lieu de hausser le niveau du débat parlementaire, la scène d’hier a offert l’image d’une Assemblée où les intérêts des uns et les ambitions personnelles priment sur l’intérêt général.
Le rôle d’un député n’est pas de servir d’instrument à des stratégies d’ombre mais plutôt de défendre la vérité, la justice et la transparence dans l’action publique.
Hier, c’est cette exigence morale qui a vacillé. Et c’est l’image de l’Assemblée qui en sort affaiblie.
Si certains pensent que l’Assemblée nationale est un ring, alors là qu’ils se souviennent qu’on n’y vient pas pour boxer un ministre mais pour défendre le peuple. Le reste n’est que théâtre politique.
Ali MAHDI
