
GUERA : L’accès à l’eau, un défi quotidien pour les habitants de Mongo
La ville de Mongo, dans la province du Guéra, traverse une crise d’eau potable particulièrement sévère, malgré la présence de la Société tchadienne des eaux (STE). L’ancien château d’eau ne
La ville de Mongo, dans la province du Guéra, traverse une crise d’eau potable particulièrement sévère, malgré la présence de la Société tchadienne des eaux (STE). L’ancien château d’eau ne parvient plus à répondre aux besoins d’une population en constante croissance, plongeant les habitants dans une situation précaire.
Les espoirs suscités par la promesse faite en 2020 par feu le Maréchal Idriss Déby concernant la construction d’un nouveau château d’eau s’estompent. Les travaux, lancés en 2021 dans le but d’améliorer les conditions de vie et de garantir un approvisionnement régulier en eau potable, sont à l’arrêt depuis juin 2024.
Face à cette situation, les habitants ont dû recourir à des méthodes ancestrales pour s’approvisionner en eau. Dans les rues de Mongo, le transport d’eau à cheval, à dos d’âne ou par pousse-pousse est devenu une scène quotidienne, illustrant les difficultés de la population.
« La situation liée à l’eau est véritablement catastrophique, au point qu’il est difficile de trouver les mots pour la décrire convenablement », confie avec désespoir un transporteur d’eau traditionnel, qui achemine ce précieux liquide à dos d’âne, localement appelé « Khouroudj ». Il explique, avec une grande inquiétude, que cette période de chaleur intense, bien qu’intervenant avant la saison des pluies, ne fait qu’aggraver les difficultés. Le problème s’intensifie considérablement lorsque la saison pluvieuse commence, car l’eau des puits non protégés se retrouve contaminée en se mélangeant aux eaux pluviales, qui ruissellent sans subir le moindre traitement sanitaire.
La grande distance séparant les points d’approvisionnement en eau du centre urbain constitue un obstacle majeur pour les habitants. Selon le témoignage Djidda Doungous, un vendeur utilisant une charrette pousse-pousse, la problématique de l’accès à l’eau dans la ville ne date pas d’aujourd’hui. En effet, Mongo est confrontée à cette pénurie chronique depuis longtemps. « L’eau est l’essence même de notre existence quotidienne », affirme-t-il avec conviction. Cependant, lorsque l’accès à l’eau potable courante devient un défi insurmontable au quotidien, cela révèle une défaillance fondamentale dans nos conditions de vie.
L’eau constitue également une source de revenu pour certains, comme l’explique Gara Mahamat : « Je quitte mon village pendant la saison sèche pour venir à Mongo et travailler comme vendeur d’eau avec mon cheval. C’est vrai que c’est difficile, mais cela me permet de gagner entre 3 000 et 4 000 francs CFA par jour. »
Pour les consommateurs, cette crise représente aussi un fardeau économique considérable. Ahmad Oumar, interrogé, exprime sa surprise face aux problèmes persistants de distribution d’eau, même après l’installation de la STE, qu’il accuse de ne pas avoir honoré ses engagements. « Je paie chaque jour pour l’eau. Le pousse-pousse contient huit bidons à 500 francs CFA, et il m’en faut environ dix par jour pour mon ménage. Il faut attendre son tour pour recueillir l’eau. Parfois, je dois patienter trois jours avant que le robinet coule. Imaginez la suite », déplore-t-il, soulignant l’impact financier de cette crise sur les foyers.
« Cette situation liée à l’eau m’éprouve », confie Mahamat Tchere. « À chaque fois, on me dit que j’ai la typhoïde, surtout pendant la saison des pluies. Je n’ai pas d’autre choix que de boire l’eau du puits, car je n’ai pas les moyens d’acheter de l’eau en bouteille », poursuit-il avec indignation.
Un autre consommateur renchérit : « Regardez par vous-même. Voici mon robinet. L’eau n’y a pas coulé depuis près d’un an, pas une goutte. J’ai même demandé qu’on enlève leur compteur, car je ne peux pas payer pour ne rien recevoir en retour. »
Alors que les travaux du nouveau château d’eau restent suspendus, la population de Mongo continue de faire face à cette pénurie rare et grave d’eau potable, un élément pourtant essentiel à la vie quotidienne.