On l’a souvent donné pour politiquement mort mais subitement il surprend par sa capacité de résurrection. Mahamat Zene Bada tient cette prouesse probablement de son immense connaissance de la scène politique tchadienne pour y avoir été lui-même, acteur pendant plus de 40 ans. Son nom serait cité parmi les personnes ayant joué un rôle majeur dans le déclenchement de la guerre civile de 1979 à Ndjamena. Il se raconte aussi que Zen Bada de mère native de Faya jouissait d’un haut estime dans le sérail du régime d’Hissein Habré au point de se voir confier à l’époque la gestion d’une importante entreprise para-étatique. Ses premiers déboires commencèrent lorsqu’il fût emprisonné pour mauvaise gestion financière de cette institution étatique.
“Boulon calé”, comme aiment l’appeler ses amis, renaît de ses cendres à la faveur de l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby en 1990. Deux ans seulement plus tard, il prend les rênes du mouvement des jeunes du parti au pouvoir MPS.
Après un long détour par des fonctions administratives, et quelques passages au gouvernement, Zen Baba est nommé maire de la ville de Ndjamena en 2007. Accusé de détournement des deniers publics, il va encourir la disgrâce du président pendant une bonne période. Le fin politicien mettra à profit ce temps mort pour dénicher les “recettes gagnantes” devant lui attirer la plus haute attention du roi. Ainsi il réussira à s’approcher et convincre le cercle restreint du président pour enfin obtenir en 2011 la gestion de la campagne pour la réélection de Déby Itno dans son Guéra natal. L’homme va reconquerir la confiance du chef et sera subséquemment nommé responsable de la prestigieuse direction générale des projets présidentiels. Une ascension qui ne saurait malheureusement faire long feu. Puisqu’une année plus tard, il sera débarqué des projets présidentiels et jeté, tambour battant, en prison. A peine le temps pour ses détracteurs de s’en délecter, l’enfant terrible de Bitkine se remet au goût du jour en miroitant son extraordinaire capacité de mobilisation des masses. Le cercle politique du président mord encore à l’hameçon. En 2016, Zen Bada émerge au sommet du parti au pouvoir puis dirige avec brio quatre ans plus tard la direction nationale de campagne présidentielle du maréchal Déby.
Alors que tout le monde le pressentait joué un rôle politique prépondérant dans l’installation du nouveau régime du 20 avril 2021, Zen Baba sera à la surprise générale, dépossédé de son pouvoir, évincé de la direction du parti MPS et contraint à l’exil.
Tel un ressort, il revient à la charge et trouve son chemin qui le mènera encore une fois au sommet de son parti en janvier 2024. Il reconquiert ainsi la direction du MPS, s’impose trois mois plus tard en directeur national de campagne présidentielle et se met en ordre de bataille électorale pour faire élire le jeune président. Il gagne triomphalement le pari et son influence politique semble devenir encombrante. Il sera alors mis à l’écart comme il s’y était maintenant lui-même habitué. “Zen Bada est un dur à cuire “, lâche un confident.
Saura-t-il encore se ressusciter et quand? Lui resterait-il encore d’autres cartes à jouer?
L’homme constitue tellement un capital politique précieux qu’il ne serait point étonnant de le voir chuter au poste du prochain premier ministre.
Ali MAHDI
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