OPINION : Succès Masra, à l’épreuve de l’exercice du pouvoir

Abakar Adam Zerty

De l’apprentissage par cœur de grandes théories du pouvoir dans les universités occidentales à l’exercice du pouvoir, le fossé continue de se creuser pour Masra Succès. En effet entre les théories qu’il a apprises et les réalités du pouvoir en Afrique, il ya un grand décalage.

Le jeune économiste ayant fait son entrée tambour battant dans la vie politique tchadienne en 2017 se voit propulser à la tête du gouvernement de transition en janvier 2024 à la faveur de l’accord de Kinshasa dont les clauses tacites nous sont passées inaperçues. Succès Masra est désormais soumis à l’exercice du pouvoir qui le fait trébucher dès la présentation de ” son programme de politique générale ” devant le conseil national de transition. Institutionnellement parlant, un PMT de transition n’a pas de programme politique. Les politiques qu’il met en œuvre sont principalement dictées, par le président de transition ou par les impératifs de transition. Les politiques sectorielles sont travaillées par tous les départements ministériels. Cela traduit l’hermetisme et d’amateurisme politique de SM. 

      Co-pilotage ou tunique de Nessie ?

Ayant mesuré tardivement le rapport de force qui est largement en sa défaveur, Succès Masra a appris à ses dépends que la radicalité en politique ne paie. Plus d’un an en exile après la répression violente de la marche du 20 octobre 2022, le jeune politicien choisit la voie de la réconciliation et ” la main tendue” du Président de Transition qui accouche l’accord de Kinshasa. Lequel accord permettant le retour de Masra. ” La concession, c’est la définition même de la politique. ”Étayant son propos avec sa première leçon des sciences politiques.

Le 1er janvier, le président ”des transformarteurs” est nommé à la surprise de plus d’un, Premier Ministre de transition pour co-piloter la transition si je me permets de le paraphraser. Ne pouvant pas supporter le rôle de spectateurs et l’isolement politique malgré son poids, Masra Succès en arrivant à la tête de la primature veut rabattre les cartes. Ce qui est conçu par le chef des ” transformarteurs ”comme stratégie de repositionnement et redéployement politique, nous met dans la plus grande spectative craignant l’étroitesse de sa marge de manœuvre en tant que chef du Gouvernement. Plusieurs observateurs voient Masra à la primature comme un étang dans une pente glissante et que ce poste est tout simplement un cadeau empoisonné car le système fortement enraciné, imperméable, a un contrôle absolu sur le Premier Ministre ; En ce sens, cette cohabitation non institutionnelle est une manière de terrasser politiquement SM afin de laisser, terrain balisé à la la candidature de Mahamat Idriss Deby aux élections présidentielles de Mai 2024.

    Popularité de Succès Masra, sujet à caution ?

La popularité de celui qui représentait l’espoir de la jeunesse est désormais hypothétiquée. En effet dès sa nomination à la primature, le Président des transformarteurs a perdu la cote chez plusieurs de ses sympathisants l’accusant de trahison et accompagnateur de la succession dynastique. D’autres facteurs et non de moindres viennent accentuer l’impopularité de Succès Masra : il s’agit entre autres de ses contrseings sur plusieurs décrets d’élévation au rang et appellation de Général, sa prise de position face au scandale sexuel dans lequel se trouve empêtrer son vice-président et Ministre de l’éducation. Le tournant dans la cote de Masra, c’est les mesures impopulaires décidées par son gouvernement pour rehausser les prix des produits pétroliers qui affectent jusqu’au panier des ménages. Se faisant défenseur de ses mesures avec des arguments incongrus assumés, le premier ministre est là en déphasage total avec ses discours socialistes. Il encourt de ce fait plus que jamais l’impopularité pouvant avoir des lourdes répercussions sur sa vie politique.

PS: S’il y’a une leçon que Masra devait prendre par cœur pendant ses études de sciences PÔ, ce serait l’opposition est plus facile que l’exercice du pouvoir. Le Maréchal Idriss Deby desait ” Houkoum Hana Tchad maa Heyine.”

                      Abakar Adam Zerty

                        Analyste politique