La colère de Boma, désormais une leçon de guerre?

Nos confrères du journal en ligne Faso.net semblent en être affirmatifs, du moins sur l’aspect communication. Nous vous reproduisons ci-dessous ce texte poignant de Faso.net.


Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

Le président Idriss Déby Itno est en feu depuis l’attaque de Boma qui a couté la vie à 98 militaires tchadiens. Le Général a troqué son boubou contre le treillis. Il n’a pas tardé à descendre dans l’arène, quitte à apporter de l’eau au moulin de ses contempteurs qui taxent son action de populiste. Une communication bien calibrée qui a le mérite de harceler l’ennemi, donner l’espoir aux populations locales. Des actes forts et des symboles, voici les autres munitions aux canons des armées en lutte contre le terrorisme. Les déclarations de deuil national et les candides incantations ne font trembler aucun fou de Dieu.

Un chef de l’Etat au front, là où ses hommes ont connu un sévère revers. Discutant avec les chefs pour « revoir tout le dispositif militaire en place ». Des hélicoptères paradant dans le ciel de cette région insulaire de Boma pendant que les pirogues à moteur surfent sur les eaux calmes de Kaïga Kindjiria. Ce sont les images qui ont suivi le lancement de l’opération « Colère de Boma » du nom de la localité ayant essuyé de plein fouet l’attaque terroriste du 23 mars 2020.

Propagande ? Populisme ? Récupération politique ? Pour l’ancien chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo comme pour bien d’autres, ce n’est pas loin de tout cela. « Après l’émotion, la raison : en République, le Chef des armées peut aller au front galvaniser les troupes pour leur remonter le moral. Il n’y reste pas pour faire la guerre, ce n’est pas son rôle. Cette confusion peut coûter cher à la démocratie », croit savoir l’ancien chef de l’opposition.

« Nous allons en finir avec Boko Haram dans cette zone-là. Le moral est très haut, les préparations sont très avancées. Il ne reste plus qu’à se lancer contre Boko Haram, l’attraper et le détruire », avait pour sa part rassuré le Général Idriss Déby Itno en lançant l’offensive terrestre, aérienne et fluviale contre la secte qui a pris naissance au Nigéria avant d’étendre ses tentacules dans les pays voisins (Niger, Cameroun et Tchad) où ses affidés mènent des excursions meurtrières.

Cliquez ici pour lire aussi : Lutte contre Boko Haram : Sur le champ de bataille, le président Déby lance l’opération « Colère de Boma »

En tout cas, « la colère de Boma »après son lancement a déjà permis de détruire cinq bases du groupe terroriste Boko Haram au Niger et au Nigéria, alors que la poursuite des terroristes en débandade continue, a annoncé la présidence tchadienne le 3 mars dernier. « Nous avons l’accord des deux autres pays, le Niger et le Nigeria, et nous avons envoyé des hommes dans ces pays », précisait quelques jours avant le ministre de la Défense nationale, le général Mahamat Abbali Salah.

Une leçon de communication de guerre

Au-delà des résultats difficiles à vérifier, il faut surtout saluer cette communication offensive du président tchadien. Rester dans les salons feutrés du ‘’palais rose’’ (appellation du palais présidentiel) à Ndjaména, et faire dans la routine (deuil national, appel à l’unité, soutien aux forces armées) ne se prêtait pas à la gravité de la situation.

Ce n’est pas pour rien si même dans les pays considérés comme puissants, il est de tradition que le président américain ou français se déplacent en zone de guerre pour s’entretenir et manger avec les militaires lors des fêtes de fin d’année. Aucun discours ne peut remplacer la présence et en cela, le président, chef suprême des armées tchadiennes le sait, en bon général. Il a donné le ton en y allant. En termes de communication, c’est réussi. Les populations locales sont rassurées de ne pas entre délaissées, les militaires sur place sont ragaillardis.

Une véritable leçon pour les autres chefs d’Etat des pays du Sahel qui rivalisent dans les déclarations guerrières entre quatre murs.

Le 19 août 2019, l’armée Burkinabè a vécu l’une des pages les plus noires de son histoire avec la mort de 24 militaires dans l’attaque du détachement militaire de Koutougou dans la région du Sahel. Discours du président du Faso, suivit de l’annonce d’un deuil national.

Le 6 novembre, 38 morts civils et 60 blessés enregistrés dans une embuscade contre un convoi transportant des employés de la Société d’Exploration Minière en Afrique de l’Ouest (Semafo). Discours du président, par ailleurs chef suprême des armées, suivi de l’annonce d’un deuil national.

A Arbinda le 24 décembre 2019, 35 civils dont majoritairement des femmes tués. Il n’y a pas eu mieux que de la rhétorique du côté du politique.

Ce sont là, quelques occasions manquées pour le chef suprême des armées, pour donner un message fort, de par sa présence sur le terrain que l’on attend toujours presque 5 ans à Kossyam. Pourquoi ont-ils si peur de leur sahel, et de toutes ces zones en proie à l’insécurité, alors qu’ils ont leurs administrés qui y vivent et souffrent le martyr ? Ils disposent pourtant de tous les moyens pour baliser le terrain avant. Ces autres présidents membres du G5 Sahel devraient prendre de la graine chez leur homologue tchadien.

Tiga Cheick Sawadogo “

Source: Lefaso.net


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