Warpalé David a créé le terme ”Bogo Bogo” et ”karang karang” pour désigner les douaniers arnaqueurs.

Artiste musicien et cadre de la Société Tchadienne des Postes et de l’Epargne(STPE), Warpalé David fait partie de ces Tchadiens qui ont marqué l’histoire et de la valorisation de la musique tchadienne.
Inventant le terme ”Bogo Bogo” et ”Karang Karang” pour désigner les douaniers qui arnaquent la population, Tchadmedia est allé à sa découverte.
Il trace ses débuts, ses parcours, sa carrière dans la musique. Il répond à nos questions.

Tchadmedia : Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Warpalé David: Bonjour, je suis l’Artiste Warpalé David, née à kélo dans la Tandjilé Ouest, venu pour des études à N’djaména ou j‘habite depuis plus de 38 ans. Je travaille à la Société Tchadienne des Postes et de l’Epargne(STPE).

T.M: Vous avez inventé l’appellation “Bogo Bogo”, aujourd’hui utilisée pour désigner les douaniers qui arnaquent la population, comment vous était-il arrivé l’idée et pourquoi ?

W.D: Cette appellation de Karang-Karang et Bogo-Bogo est un concept tiré depuis l’époque du Feu Ngarta Tombalmbaye surtout Karang-Karang qui désigne l’appellation d’une Camionnette Land-Rover immatriculée TCB 004040 servant aux Douaniers de filer les Trafiquants des marchandises à travers le fleuve Chari et la ville camerounaise de Kousseri quant au terme Bogo –Bogo, ceci désigne la déformation du mot vagabond pour appeler les indicateurs. Compte tenu des affres et des abus que les douaniers infligent chaque jour aux trafiquants, je me suis donc inspiré pour composer cette chanson.

T.M: Parlant de votre début dans la musique, comment vous vous étiez retrouvé dans le métier ?

W.D: Pour la musique, tout a commencé par la connaissance d’un cousin qui s’appelait Kemtchang Patrit, actuellement cadre à la BEAC qui pour la première fois a mis ma main sur la guitare. Dès lors, je n’ai cessé de jouer et chanter à la guitare puis quelques années après j’ai regagné l’orchestre Super Vox Tandjilé comme cadet pendant plus de 2 ans. Ce qui a fait mes expériences avant de retrouver les cadets du charri jazz à N’Djamena parmi lesquels j’ai fait la connaissance de Talino Manu et les autres.

T.M: Continuez-vous dans la musique ?

W.D: Malgrè mes multiples tâches, je m’arrange toujours à faire la musique. Vous savez, c’est un virus difficile à se débarrasser lorsqu’on l’embrasse.

T.M: Quelle appréciation portez-vous sur la culture au Tchad et la musique en particulier ?

W.D: Il faut dire que la musique tchadienne marche bien mais très mal organisée, moins de festivals nationaux ou internationaux pour valoriser la culture tchadienne à l’étranger. S’il y en a, c’est organisé de façon marginalisée où le choix des artistes est fait sur des marionnettes ou de copinages sans tenir compte des catégories des musiciens, cela frustre plus d’un. Il faut changer cette méthode sinon on risquerait de faire disparaitre des talents naissant ou faire mourir ceux qui existent déjà.

T.M: Comment faire pour que les Tchadiens en général et l’État en particulier puisse valoriser les talents locaux ?

W.D: L’Etat a déjà amorcé le développement de la culture avec la création de plusieurs structures qui accompagnent les artistes mais il donne moins des moyens pour le fonctionnement de ces structures afin de réaliser leur programme ou d’autres part, c’est les nominations des responsables à ces entités sont soit politiques ou mal faites. Un autre aspect, c’est d’attribuer au moins des prix ; C’est les prix qui sont une marque honorifique. C’est ce qui fait l’artiste même s’il ne gagne rien.

T.M: Vous qui aviez créé le concept ”Bogo Bogo”, que pensez-vous des artistes locaux qui sont presque oubliés par manque de valorisation?

W.D: Comme je le disais, il faut valoriser tous les artistes qui ont pu porter haut le flambeau du Tchad ou ceux qui ont eu à développer une popularité par leurs œuvres, cela peut encourager la nouvelle génération et les booster à la chose artistique sinon on retombera dans le constat et l’époque oú l’artiste est vu comme un délinquant.
D’autre part, établir le statut particulier des artistes pour ainsi les valoriser de manière définitive.
Ailleurs, dans certains pays africains, aujourd’hui les rentes viagères des artistes sont payées, ce qui rend les plus beaux jours des artistes pendant leur retraite.

T.M: Quel message voulez-vous passer à l’endroit du public et des autorités du CMT?

W.D: Je crois que le peuple tchadien est fatigué, tout ce qu’il souhaite, c’est d’être restauré dans ses droits et je demande au public d’être sage, d’apprendre à connaître la vérité car le mensonge nous a tellement beurrés.
Quant au CMT, il a la responsabilité de sortir le Tchad de ses problèmes depuis 60 ans. C’est l’occasion en organisant simplement les élections libres et transparentes. Cela serait sa victoire.

Entretien réalisé par Tchadmedia

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