” On ne crée pas un parti politique pour être un allié”, c’est la phrase phare du Secrétaire général du Mouvement patriotique du Salut (MPS), Mahamat Zene Bada, ce lundi 21 octobre lors d’une réunion de concertation avec les membres de la Coalition pour un Tchad Uni. Cette rencontre était supposée présenter la position du MPS pour les prochaines élections législatives, provinciales et communales du 29 décembre 2024.
C’est la plus longue soirée pour certains membres de la Coalition pour un Tchad Uni. Entre frustration, humiliation, déception et désespoir, les 230 partis politiques membres de la Coalition pour un Tchad Uni ont appris à leur dépend la fin de leur coalition qui a été formée dans la même salle du ministère des Affaires étrangères il y a quelques mois. Personne ne s’attendait à cette annonce unilatérale de rupture de mariage pourtant scellée pour le bonheur et pour le pire.
Avant l’arrivée du SG du MPS dans la salle, l’ambiance y était bon enfant, la joie se lisait sur presque tout le monde. Mais la parole inattendue lâchée, la bonne atmosphère parmi les alliés d’hier a cédé la place à un silence de cimetière. Tout le monde semble sonner par cette phrase de Zene Bada. “ Le congrès du MPS a décidé que là où il y a un seul siège, il n’y aura pas d’alliance ”.
LA SURPRISE DU MPS
Après avoir formé cette coalition pour soutenir la candidature de l’actuel président de la République Mahamat Idriss Deby lors de l’élection présidentielle du 6 mai dernier, les 230 partis politiques espéraient continuer cette alliance en toutes circonstances. Or, ils viennent de se rendre compte que pour le MPS le pacte est exclusivement pour le bonheur et non pour le pire.
A bien lire entre les lignes les propos du SG Mahamat Zene Bada tout semble avoir été dit lors des assises de la 12ème session extraordinaire du Conseil national du Salut (CNS), tenue le mois dernier où le président d’honneur du MPS, Mahamat Idriss Deby, a donné des orientations fermes à ses militants. Selon Zene Bada, les résolutions de ce congrès ont été, on ne peut plus claires, pour celui qui a une oreille pour entendre.
« Chacun peut se présenter là où il veut et là où il peut […] Le congrès du MPS a décidé que là où il y a un siège, il n’y aura pas d’alliance. Dans ce contexte, chacun aura sa chance (…) nous allons faire une alliance à l’Assemblée nationale», souligne Zene Bada.
Selon le président d’un parti politique, membre de ladite Coalition « Le MPS est au pouvoir depuis presque 40 ans (…) Nous allons battre campagne, mais nous connaissons les résultats que l’ANGE va publier le soir. Et nous allons nous plaindre à qui ? », s’exclame-t-il.
Un autre leader d’un parti politique, toujours de la Coalition, a laissé entendre sa frustration à une question sollicitant son impression : « Je ne suis pas dans ma peau ».
LE MPS DEMANDE LE DIVORCE
Le SG du MPS, Mahamat Zene Bada déclare : « Nous n’avons pas fait une alliance pour aller aux législatives […] Le divorce est prononcé ».
Le SG revient de plus belle à la charge : « Quand nous avons signé une alliance, c’était pour accompagner un candidat à l’élection présidentielle. C’était clair. Nous n’avons pas fait une alliance pour aller aux législatives. Même si cela choque, c’est la vérité ». Comme pour enfoncer le clou, Zene Bada ajoute : « chaque parti politique a son identité et ses militants ; chaque parti politique a son fief et sa cartographie électorale. On ne crée pas un parti politique pour être un allié ».
Par ailleurs, le MPS exhorte les alliés d’hier à aller labourer seul pour une éventuelle mise en commun des fruits de leur récolte dans l’hémicycle.
« Chaque parti ira seul et nous récolterons les fruits à la fin. Nous nous retrouverons à l’Assemblée nationale », affirme Zene Bada
Selon un constat de Tchadmedia, ” Depuis hier soir, le MPS a dévoilé sa liste de candidats pour les élections sans les membres de la Coalition pour un Tchad Uni”.
Pour le président du parti USPR François Djékombé : « Nous avons le sentiment d’avoir été utilisés (…) Nous nous sommes fait rouler dans la farine ». Il ajoute : « La coalition pour un Tchad Uni est dans un état de mort cérébrale », lance-t-il.
Selon des observateurs de la scène politique tchadienne, ce divorce était prévisible depuis l’élection présidentielle, surtout lorsque certains partis politiques sans militants ni sièges espèrent profiter sur le dos du MPS pour trouver des sièges à l’Assemblée.
Selon certaines indiscrétions, plusieurs partis politiques de la Coalition n’ont ni les moyens financiers ni des fiefs pour mener campagne s’ils participent aux prochaines élections du 29 décembre 2024.
A rappeler que Les Transformateurs et les membres du GCAP qui regroupent 12 partis politiques ont décidé de boycotter les prochaines échéances si leur demande du report de ces élections n’a pas été satisfaite.
Galami Ahmat Galami
Plusieurs partis politiques de la Coalition n’ont ni les moyens financiers ni des fiefs pour mener campagne s’ils participent aux prochaines élections du 29 décembre 2024.
Galami Ahmat Galami
